Risques climatiques et financiers : les entreprises face à un impératif d’adaptation

Au sommaire :

Pourquoi l’adaptation climatique n’est plus une option ?

Les événements climatiques extrêmes — inondations, vagues de chaleur, sécheresses, érosion du littoral — se multiplient et affectent déjà les entreprises bretonnes. Face à cette réalité, l’adaptation n’est plus une anticipation, mais une nécessité stratégique. En complément de la réduction des émissions (atténuation), les entreprises doivent désormais agir pour limiter les conséquences de ces bouleversements sur leur activité.
La réglementation renforce ce constat : normes ISO, CSRD, taxonomie verte, SFDR… les obligations se multiplient pour intégrer les risques climatiques dans les décisions financières et opérationnelles.

Des acteurs financiers mobilisés pour la transition

Bpifrance : un plan climat structuré autour de trois piliers

Clément Quinebeche (Bpifrance Bretagne) a exposé les outils de la banque publique d’investissement, dont :

Le questionnaire IMC (Indice de Maturité Climat) pour évaluer l’engagement des dirigeants.
L’outil MRC (Management du Risque Climatique), désormais utilisé systématiquement pour évaluer les risques physiques (sécheresse, inondation, etc.) à horizon 2030.
Le « Diag Adaptation » : une mission de conseil de 7 jours cofinancée par l’ADEME.

Sodero Gestion : des trajectoires d’adaptation intégrées dans les investissements

Amélie André a expliqué comment les investisseurs prennent en compte les risques climatiques à travers :

Des audits ESG en amont des prises de participation.
L’identification de trajectoires d’adaptation avec des indicateurs comme les investissements dans des plans de continuité ou la résilience des ressources.

Arkea Capital : cartographie mondiale des risques climatiques

Sylvie Lebras a présenté l’outil « Altitude » développé avec AXA Climate, utilisé pour évaluer les risques sur les sites français et internationaux des entreprises. L’objectif est double : sécuriser les investissements et accompagner les dirigeants dans une adaptation proactive.

Du diagnostic au plan d’action : comment agir concrètement ?

Le parcours d’adaptation au changement climatique proposé par Bretagne Compétitivité, soutenu par l’ADEME, la Région Bretagne et les CCI, propose trois étapes :

Sensibilisation et décryptage des risques.
Diagnostic intra-entreprise.
Élaboration d’un plan d’adaptation réaliste.

Bpifrance propose aussi des outils pratiques comme le Diag Adaptation, une mission de conseil courte, opérationnelle et subventionnée, qui rend le sujet accessible même aux dirigeants peu familiers des enjeux climat.

L’avenir du financement dépendra de la résilience climatique

Tous les intervenants ont souligné que le lien entre risque climatique et risque financier devient de plus en plus étroit. Aujourd’hui encore faiblement discriminants dans les décisions de crédit, les indicateurs liés au climat deviendront, dans les 3 à 5 ans, des facteurs de sélection majeurs pour les financeurs.
Les acteurs financiers accompagnent donc les entreprises mais se préparent à conditionner leurs soutiens à la mise en œuvre de plans d’adaptation. Les entreprises qui ne sauront pas démontrer leur résilience risquent de voir leurs projets fragilisés, voire non financés.

Témoignages et cas d’usage : ce que font déjà les entreprises

Si le sujet de l’adaptation aux risques climatique est encore perçu comme complexe, des entreprises ont déjà engagé des démarches concrètes, accompagnées par des partenaires financiers ou des experts spécialisés. Ces cas d’usage montrent qu’il est possible, même pour des PME ou des ETI, de transformer une vulnérabilité en levier de stratégie.

Un camping normand sauvé grâce à une anticipation du risque d’érosion

Clément Quinebeche (Bpifrance) a cité l’exemple emblématique d’un camping victime de l’érosion du littoral. Le terrain, devenu impraticable à l’été 2024, aurait pu conduire à une fermeture définitive. Heureusement, grâce à l’anticipation de la municipalité et de l’entreprise, un nouveau site a pu être mobilisé à 700 mètres. Ce cas illustre à quel point les risques physiques sont désormais concrets, immédiats, et doivent être intégrés dans les décisions de localisation et d’investissement.

Des stations de ski confrontées à la disparition de leur modèle économique

L’impact du changement climatique sur les stations de ski, confrontées à une baisse continue de l’enneigement, est une illustration frappante du besoin de diversification. Certaines stations investissent aujourd’hui dans l’« après-ski » (activités estivales, thermalisme, randonnée, etc.) pour pérenniser leur activité. Ces décisions s’appuient sur une logique d’adaptation à moyen et long terme.

Un industriel accompagné par Bpifrance via le Diag Adaptation

Le Diag Adaptation de Bpifrance permet à une PME de bénéficier d’un diagnostic expert sur ses risques climatiques (inondation, canicule, stress hydrique, etc.). L’un des cas cités montre comment ce dispositif a conduit une entreprise industrielle à repenser l’implantation de ses stocks et à adapter ses process pour éviter les interruptions de production lors d’épisodes extrêmes. Résultat : un plan d’action clair, budgétisé, et partiellement cofinancé.

L’utilisation de l’outil Altitude chez Arkea Capital pour une société multisite

Sylvie Lebras (Arkea Capital) a présenté le cas d’une entreprise possédant plusieurs sites, dont certains à l’étranger. Grâce à l’outil Altitude (AXA Climate), elle a pu identifier que deux sites étaient exposés à un risque croissant de sécheresse et de chaleur extrême à horizon 2030–2050. Cette analyse a permis d'engager un plan d’investissement dans l’isolation des bâtiments, des solutions de rafraîchissement et la sécurisation de l’approvisionnement en eau.

Des entreprises engagées dans une trajectoire d’adaptation stratégique

Amélie André (Sodero Gestion) a évoqué plusieurs entreprises accompagnées dans une logique d’adaptation proactive.

Exemple : une entreprise agroalimentaire bretonne, confrontée au stress hydrique, a intégré des indicateurs de productivité de la ressource dans son reporting interne (eau utilisée par tonne produite), et prévoit d’investir chaque année dans des systèmes de récupération et de recyclage des eaux de process.
Par ailleurs, certaines entreprises revoient leur offre pour répondre aux défis climatiques : développement d’équipements d’isolation, de solutions pour la gestion des eaux pluviales, ou encore création de produits adaptés aux nouvelles contraintes climatiques. Ces démarches permettent de générer du chiffre d’affaires via des « offres solutions ».

La relocalisation guidée par le risque climatique

Des entreprises du portefeuille d’Arkea Capital ont également utilisé les données climatiques pour orienter leurs choix de relocalisation. Avant de choisir un nouveau fournisseur ou un nouveau site, elles croisent désormais des critères classiques (coût, logistique, qualité) avec une cartographie du risque climatique local. Cela permet de sécuriser la chaîne d’approvisionnement et d’éviter des interruptions critiques dues à des aléas (ex. : vagues de chaleur, inondations, instabilités des sols).

Ces témoignages convergent vers un même constat : les entreprises qui engagent une démarche d’adaptation améliorent non seulement leur résilience face aux aléas climatiques, mais renforcent aussi leur crédibilité vis-à-vis des financeurs, des assureurs et des clients. Il s’agit désormais moins de se demander si agir, que quand et comment.

Besoin d’un accompagnement ?

Les risques climatiques ne sont plus une inconnue, mais une réalité à intégrer dans toute stratégie d’entreprise. Bretagne Compétitivité, en lien avec ses partenaires financiers et institutionnels, propose un accompagnement sur-mesure pour :